Poesia secondo istruzioni, a cura di Guy Bennett # 5

Quinto e ultimo episodio sul progetto promosso da Guy Bennett, poeta statunitense. Si tratta di un’opera collettiva di poesia generativa che ha coinvolto 60 poeti, artisti e designer per un totale di 140 testi prodotti. Non vi è un’unica lingua di riferimento, anche se la maggioranza dei testi è stata scritta in inglese e in francese. Infine tutti i testi sono stati raccolti in un catalogo digitale con un’introduzione e un ricco apparato paratestuale che potrete scaricare gratuitamente. In quest’ultima campionatura: sette nuovi testi di sette autori diversi (e altrettante istruzioni di riferimento). Le tre campionature precedenti qui, qui & qui. E il primo episodio  – che include: progetto + intervista al curatore + 99 istruzioni trilingue – qui.]

.

Frédéric Forte, Plutonisme, (Instruction 1)

Sean Pessin, Untitled, (Instruction 37)

Paul Fournel, Sans titre, (Instruction 8)

Guy Bennett, A destiny manifest?, (Instruction 22)

Nicolas Tardy, Sans titre, (Instruction 28)

Kevin Thomas, Untitled, (Instruction 37)

Philippe Annocque, Sans titre, (Instruction 58)

⇓   •   ⇓

PLUTONISME

1 : Un poème en une seule unité (lettre/mot/vers/strophe).

  • Frédéric Forte

 

[Obtenu après réduction à l’unité des lettres de l’énoncé « un poème en une seule unité » : u – n – p – o – e – m – s – l – i – t, lettres qui, associées, ne peuvent donner en français qu’un seul mot : plutonisme, à savoir une théorie géologique obsolète selon laquelle les roches ignées formant la Terre seraient issues d’une activité magmatique intrusive qui, graduellement et de façon continue, aurait altéré, érodé des roches qui se seraient ensuite déposées sur les fonds marins où, sous l’effet de la chaleur et de la pression, elles se seraient reformées en couches sédimentaires ; ce qui constitue une assez bonne description du procédé mis en œuvre ici pour écrire le poème.]

 

UNTITLED

37: Plans for a poem.

  • Sean Pessin

 

Try not to end on a poignant line where

the central metaphor of your poem is complicated

By the surprise of a sensuous observation.

Instead, place the incredulous flavor of your tears

Or the bold color of the blood issuing

from your gnawed-on tongue in the middle,

where sandwiched adjectives stack like cow langue in

numerological relevance. The beginning can

Be from anywhere; no one knows a poem

in the first line, but if your readers don’t

know it by the middle or they suspect

that they don’t know it by the middle

They might not think the poem

has anything to say. By the end,

the reader should suspect

the poem has something to say;

the suspicion must occur earlier.

 

SANS TITRE

18 : Un poème comprenant lexpression « voir rouge ».

  • Paul Fournel

 

Ayant terminé la bouteille de blanc

 

Il vit rouge

 

A DESTINY MANIFEST?

22: A three-part inverse serial poem: synthesis, antithesis, thesis.

  • Guy Bennett

 

1 : c

Certain non-non-white US-ians

are oblivious to history and irony impaired.

 

2 : b

As if non-non-white US-ians have not been

forcibly replacing non-white ex post facto US-ians

since the 17th fucking century!

 

3 : a

Certain non-non-white US-ians actually fear

non-white US-ians will replace them.

 

SANS TITRE [extraits]

28 : Un poème qui, paraît-il, traite des apparences.

  • Nicolas Tardy

 

invite le spectateur à une expérience

une pancarte énonçant au delà du contexte

la potentialité des différences dans

effets de textures et variations chromatiques

à partir d’une grille tracée au crayon

*

pratique artistique aux contours évanescents

est une concrétion d’idées marquée par une

véritable connivence des dimensions

révélant un certain malaise sous-jacent

se retranchant dans des lieux privés ou déserts

*

en attendant de le découvrir de visu

de belles matières colorées qui imprègnent

la manifestation de la plasticité

artistes conjuguent et jouent avec les contrastes

pour mettre en lumière de multiples visages

*

à travers l’expérimentation des limites

une artiste trace d’un geste des figures

qui occupent cet espace incertain fait de

la multiplicité des représentations

et des conventions graphiques des magazines

*

un très grand objet sculptural qui est l’artiste

ne se contente pas d’accumuler tout ce

qui peut devenir une partition incluant

la matière noire et brumeuse du fusain

l’humour qui caractérise sa réflexion

*

déchirant des pages de bandes dessinées

lanceurs d’alertes ont pu révéler les moyens

que nous avons pris l’habitude de nommer

qui se subdivisent en formes fractales sur

les dernières productions connues de l’artiste

*

l’observateur formé à l’investigation

fait apparaître un grand nombre de scenarii

pour sculpter des œuvres dont le contour évoque

alors mise en scène spectaculaire d’une

figure de l’artiste dans son atelier

*

dans son travail sur la visualisation

artiste voit ses monochromes comme des

modèles d’une carte de navigation

destinée à jaunir avec le temps qui passe

sur le sol en dehors de toute référence

*

sur la toile la notoriété grandissante

par ses dimensions évoque un lit parental

sur lequel se jetterait avec frénésie

peinture acrylique rouge tirant sur la

volonté de rendre visible mécanismes

*

les recherches picturales et conceptuelles

conduisent vers un pigment de couleur gris taupe

qui traverse les derniers récits modernistes

où la tonalité juste naît de la manière

dont on ressent la puissance d’une décision

*

les personnages ne vieillissent pas à vue

consistent en des cubes de mousse recouverts

par un mapping de collages combinatoires

revenant sur la nature de ces images

grands aplats sont peints sur des papiers d’emballages

*

un tissu institutionnel artistique et

une pratique placée sous le signe de

recours aux logiciels de retouche d’images

avancent au fil de la singulière carrière

comme sortis d’un costume de carnaval

*

une image insaisissable fait vaciller

la polysémie sur une photographie

outil habituellement analytique

éliminant l’usage du pinceau et du

mélange peinture à l’huile et eau de javel

*

la caméra bien mal camouflée au milieu

qui se tourne vers des matériaux nouveaux comme

devant un drap blanc tendu à la verticale

au sein du musée ou de la galerie d’art

influe sur le comportement des visiteurs

*

nature tridimensionnelle ne suffit pas

constitue un ensemble significatif

formel et iconographique qui s’inscrit

de partie à partie et des parties au tout

relève du domaine de l’imaginaire

*

mouvements des rideaux indiquent de la vie

offraient un cadre rassurant et familier

testant les potentialités du all-over

on dépose régulièrement du pigment

lors de la séance photo préparatoire

*

certains mouvements ont été sélectionnés

accueillent le visiteur en présentant une

surface lisse des côtés versus rugueux

l’essentiel réside peut-être davantage

dans des effets de moiré dans la mise en crise

*

se contenter d’une photographie frontale

et jusqu’où son corps peut physiquement aller

consiste en une salle blanche dans laquelle

corps servant encore d’interface iconique

est un fragment dans un univers de couleur

*

l’alliance des mots aux choses de l’idée à

des bandes horizontales de couleur unique

laisse transparaître les enjeux plastiques et

affecte la perception que les spectateurs

absorbent et dynamisent simultanément

 

UNTITLED

37: Plans for a poem.

  • Kevin Thomas

 

poem title: APRIL or april or April. alternatively, use the numbers on the right side of the sonogram as the title.

the body of the poem would mirror the body of a pregnant woman. not would, not could – will. It will mirror the body of a pregnant woman. plan to write the poem, not to merely plan the poem.

first stanza: 3 lines. each line moves time forward. no adverbs. no commas. no, commas are acceptable, but no widows or orphans.

(If the poem begins in november, and each stanza is a month = 6 stanzas to get to April.)

[note to self: before writing the poem, you should interrogate your feelings of loss. that feeling of never having a thing. of never knowing until knowing became synonymous with misplaced longing. i can barely think coherently about the story (as if there’s a linear space where it would make more sense. some other temporal reality i could/can inhabit while writing the poem. a linear past that starts with miraculous inception and ends at a communal table on the patio of a restaurant in venice. {not the venice that’s sinking, the venice that is now the land of tech bros.} we sat across from each other and we both cried ugly. we tried again, to be together, but the missing piece was too hard to replace. you should get the timeline straightened. then you can layer images on top of feelings, emotions bolted down to physical landmarks across the los angeles cityscape. massive rivets on the underside of your constructed memories. and then there was the call i answered in tacoma, wa, at my grandparents’ house — thanksgiving, possibly.).]

second stanza: 5 lines. ask krystle about appropriate rhyming scheme for second stanza. or, should this be a poem free of constraints? or, a progressive rhyming scheme that builds with each stanza but is forgotten in the final third of the poem?

[note to self: 3 stanzas, max. you should really nail down the timeline. 1st, there was the immaculate miraculous conception. no, first is cervical cancer and localized radiation, then, months later, conception. 2nd, break up. 3rd, cancer comes back. 4th, false negative pregnancy test. 5th, coffee at urth in b hills where i hugged her and was the closest to my __ that i would ever be. {name the object, in the realized poem. name the name.} 6th, the tacoma call about a procedure she was scared to go through with ➙ the confusion about her fear around a routine cancer-related procedure ➙ her admitting feeling alone, scared ➙ how to reframe the past with future knowledge? 7th, the meeting on the patio in venice where we cried oceans, sat on the beach afterwards, watched our waves. 8th, sonogram in email ➙ subject line “it’s a girl”.]

third stanza: 8 lines. an apology. both ways, my explanation and me asking for forgiveness. an infinite amount of lines. if faith is the constant act of reaffirming belief and progressing in your understanding of whatever higher power you’re aligned with, this stanza is the inverse, an eternal work of defining the reasonable reasons why April became a name and not a month housing a due date. there is no faith here, only concrete definitions and facts.

[final note to self {i promise}: is it worth recounting my post-knowing drop into despair? a drunk call to a friend at 2am from the corner of 2nd and los angeles before or maybe after an attempt to sober up with thick ramen before driving home. the assurance from the other end that it would be okay. the eventual break down on the floor of the church off fountain in hollywood beneath the long shadow of the blue scientology worship center. the way the person sharing at the front seemed to be speaking directly to me. the falling to my knees. the futile effort we made to try again, still trying to replace or recapture what we had before the before was knowable. to put something back inside.]

after the third stanza, one final line: i named her April — 4/?/11

SANS TITRE

58 : Un poème alternant pléonasmes et oxymores.

  • Philippe Annocque

 

Cette page blanche d’écriture

sera-t-elle ce poétique poème

où je m’évertue en dilettante

à alterner par roulement

oxymores pléonastiques

et pléonasmes redondants ?

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Andrea Inglese (1967) originario di Milano, vive nei pressi di Parigi. È uno scrittore e traduttore. È stato docente di filosofia e storia al liceo e ha insegnato per alcuni anni letteratura e lingua italiana all’Università di Paris III. Ora insegna in scuole d’architettura a Parigi e Versailles. Poesia Prove d’inconsistenza, in VI Quaderno italiano, Marcos y Marcos, 1998. Inventari, Zona 2001; finalista Premio Delfini 2001. La distrazione, Luca Sossella, 2008; premio Montano 2009. Lettere alla Reinserzione Culturale del Disoccupato, Italic Pequod, 2013. La grande anitra, Oèdipus, 2013. Un’autoantologia Poesie e prose 1998-2016, collana Autoriale, Dot.Com Press, 2017. Il rumore è il messaggio, Diaforia, 2023. Prose Prati, in Prosa in prosa, volume collettivo, Le Lettere, 2009; Tic edizioni, 2020. Quando Kubrick inventò la fantascienza. 4 capricci su 2001, Camera Verde, 2011. Commiato da Andromeda, Valigie Rosse, 2011 (Premio Ciampi, 2011). I miei pezzi, in Ex.it Materiali fuori contesto, volume collettivo, La Colornese – Tielleci, 2013. Ollivud, Prufrock spa, 2018. Stralunati, Italo Svevo, 2022. Romanzi Parigi è un desiderio, Ponte Alle Grazie, 2016; finalista Premio Napoli 2017, Premio Bridge 2017. La vita adulta, Ponte Alle Grazie, 2021. Saggistica L’eroe segreto. Il personaggio nella modernità dalla confessione al solipsismo, Dipartimento di Linguistica e Letterature comparate, Università di Cassino, 2003. La confusione è ancella della menzogna, edizione digitale, Quintadicopertina, 2012. La civiltà idiota. Saggi militanti, Valigie Rosse, 2018. Con Paolo Giovannetti ha curato il volume collettivo Teoria & poesia, Biblion, 2018. Traduzioni Jean-Jacques Viton, Il commento definitivo. Poesie 1984-2008, Metauro, 2009. È stato redattore delle riviste “Manocometa”, “Allegoria”, del sito GAMMM, della rivista e del sito “Alfabeta2”. È uno dei membri fondatori del blog Nazione Indiana e il curatore del progetto Descrizione del mondo (www.descrizionedelmondo.it), per un’installazione collettiva di testi, suoni & immagini.
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